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L’économie solidaire est-elle soluble dans les nouvelles formes d’économie ?

Économie circulaire, positive, fonctionnelle, collaborative, circuits courts... Face à un modèle de développement qui a atteint ses limites, des réponses se multiplient pour inventer ou réinventer d’autres modes de faire. Si l’on peut voir dans certaines de ces nouvelles réponses des pistes indéniables de progrès nous devons rester vigilants sur les dérives possibles de ces nouvelles formes d’économies connectées, les dénoncer et réaffirmer que l’économie solidaire n’est pas compatible avec l’usage qui est alors fait de ces formes débridées d’un capitalisme des plus féroces.

Économie circulaire, positive, fonctionnelle, collaborative, circuits courts : face à un modèle de développement qui a atteint ses limites de viabilité, économique (croissance en berne), sociale (accroissement des inégalités et des exclusions en tous genres) et environnementale (notre maison brûle), des réponses se multiplient pour inventer ou réinventer d’autres modes de faire.

Ils privilégient la durabilité des matériels et se préoccupent, dès leur mise en œuvre, de leur « fin de vie » et de leur déconstruction, recherchent une meilleure efficience des produits de consommation en rompant le lien entre propriétaire et utilisateurs, mettent gratuitement à la disposition de tous la production issue de la mutualisation des savoirs et des ressources créés en commun ou redonnent une plus grande place à l’économie de proximité qui irrigue directement les territoires.

En cela, ils apportent des réponses pour la préservation de la planète que nos enfants nous ont prêtée et pour retisser des liens sociaux de plus en plus distendus.

En cela, ils sont dans le droit fil de celles et ceux qui ont apporté la preuve que, y compris dans les pays les plus riches, le marché n’était pas en mesure de répondre à des besoins aussi fondamentaux que se nourrir, se loger, se soigner, se former ou se cultiver et qu’il était possible de créer de nouvelles richesses et de l’emploi en hybridant les différentes formes d’économie, marchande, non marchande et réciprocitaire.

Possible aussi, avec une bonne viabilité économique, de donner priorité à l’Homme sur le profit immédiat des capitaux investis.

Possible encore de conduire ces projets, le plus souvent, co-construits collectivement avec les acteurs d’un territoire, dans le cadre d’une gouvernance partagée et d’une démocratie délibérative réelle.

Mais quand, sous couvert d’une « économie du partage », on organise un véritable « business » qui s’exonère de toutes les contributions assises sur le travail ou sur les transactions financières, qu’on supprime toutes les formes de protection attachées au contrat de travail (livraison de repas à domicile par des auto-entrepreneurs par exemple), qu’on ouvre la porte à la précarisation maximale de ceux qui participent à l’activité (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur) et qu’on menace des pans entiers de l’économie et des emplois (hôtellerie, tourisme) au profit de quelques-uns, hébergés dans des paradis fiscaux, il apparaît clairement que l’habit ne fait pas forcément le moine.

Si nous voulons éviter les amalgames et les risques d’être, une fois encore, assimilés à toutes les formes de concurrence déloyale, nous devons donc être vigilants sur les dérives possibles de ces nouvelles formes d’économies connectées, les dénoncer et réaffirmer que l’économie solidaire n’est pas compatible avec l’usage qui est alors fait de ces formes débridées d’un capitalisme des plus féroces.

Mais loin de nous l’idée de cantonner l’économie solidaire au quant-à-soi et de décider, pour l’ensemble du territoire national, qui en relève et qui n’en est pas.

Au contraire, si nous pensons que l’économie solidaire apporte une bonne réponse aux défis auxquels nous sommes confrontés, si nous voulons que l’économie solidaire change d’échelle, nous devons, sur les territoires, développer, renforcer les coopérations et nouer des alliances entre les acteurs de l’économie solidaire et ceux qui, quel que soit leur statut, font le choix de s’impliquer dans des projets collectifs, co-construits avec les citoyens, créateurs d’emplois de qualité pour répondre à leurs besoins fondamentaux.

Seul, on va plus vite ; à plusieurs, on va plus loin ; ensemble, nous pourrons faire bouger les lignes.