Le Module de formation des formateurs est destiné à transmettre les fondamentaux de l’Économie sociale et solidaire au sein des formations initiales et professionnelles des pays participant à ce programme. Le projet a débuté par une phase d’étude sur la présence et la qualité des enseignements d’ESS au sein des formations initiales et professionnelles qui a montré qu’ils en étaient le plus souvent absents.
La phase 2 du programme est de concevoir un module de transfert des informations essentielles pour former les formateurs afin qu’ils l’insèrent dans leurs cursus. A la fin de la formation,
les formateurs devraient connaître l’ESS, ses principes et ses valeurs, mais aussi ses pratiques,
comprendre le rôle que l’ESS peut jouer dans le développement local de leur communauté comme vecteur de changement, voir l’avenir du monde du travail en ESS, participer activement à un processus de formation continue et dynamique.
Il ne s’agit pas seulement de transmettre des contenus mais également ( et plus encore) de proposer des méthodologies et des postures qui illustrent le positionnement de l’ESS à l’égard des valeurs de base telles que la démocratie au travail, le respect et l’accueil de chacun, le principe de coopération et la mise en synergie des compétences.
Les participants ont donc partagé leurs matériaux à partir d’une trame élaborée par Technet, Dock, et Solidarius qui en assurait également l’accueil et l’animation.
Le processus participatif a permis à partir de trames de réflexion collective de recueillir les apports de chaque participant qui seront revus et validés par le groupe. Ainsi a été élaboré un outil pour soutenir l’observation des expériences de terrain que le groupe a eu le privilège de rencontrer grâce à la proximité de Solidarius avec les acteurs
Le choix de Bergame était motivé par cela car la ville et sa région est riche d’expériences d’économie solidaire très structurées et mises en réseau.
Ainsi avons nous visité la Cooperativa Ruah une recyclerie qui emploie des personnes en difficulté d’insertion et notamment des migrants. Une journée entière a été consacrée à la visite de la coopérative IRIS, créée en 1978 par un petit groupe qui souhaitait promouvoir l’agriculture de qualité et la consommation de proximité et qui s’est dotée ensuite d’une usine de transformation afin de contrôler d’un bout à l’autre la chaîne de production. Nous avons rencontré un de ses fondateurs, Maurizio Gritta au sein d’une usine nouvellement aménagée, hyper moderne. Il nous a fait part de l’historique de la coopérative qui a organisé pragmatiquement son évolution tout en maintenant les principes essentiels qui étaient à l’origine du groupe d’acteurs initiaux : ne pas empoisonner la terre, créer des emplois en particulier pour les femmes, entretenir une relation directe avec les consommateurs, maintenir la propriété collective des moyens de production considérés comme un bien commun. Un objectif central est aussi d’assurer un juste prix pour le producteur et le consommateur. En suivant, la visite à la ferme a permis de mieux comprendre le lien entre toutes les activités, notamment celles qui consistent à faire connaître l’économie solidaire par le biais d’interventions auprès d’enfants de 7 à 11 ans dans leurs écoles, assurer la relève en quelque sorte.
Après un délicieux repas pris sur place, nous avons été en visioconférence avec un des responsables de la Banca Etica qui nous a présenté les différences qui distinguent cette banque du système bancaire traditionnel, la non spéculation, le prêt et un accompagnement spécifique aux personnes que le système ordinaire rejette, une transparence de la gouvernance, un éventail des salaires beaucoup plus resserré.
Les soirées ont été l’occasion de bénéficier de l’accueil de lieux également coopératifs où nous avons pris nos repas tout en faisant connaissance de personnes engagées dans l’ESS : Circolino un restaurant coopératif situé dans la Citta Alta, après un petit tour dans cette partie ancienne et fortifiée de la ville. La Cooperativa Sociale Arete d’agriculture biologique, la Porta del Parco un complexe agricole situé sur le territoire de la Municipalité de Hub et aux portes du Parc Régional des Collines, composé d’un vignoble, d’une zone verte qui abrite des jardins sociaux et collectifs et une structure utilisée comme restaurant et point de vente de produits locaux et biologiques.
Partout, nous avons pu apprécier outre l’investissement des acteurs dans le développement d’activités sociales et écologiques, la gentillesse, la convivialité et la gaieté qui règnent dans tous ces lieux et il faut avouer que c’est réconfortant après des journées de travail intense dédiées à la transmission de notre objet commun, l’économie solidaire.
article et photos par Josette Combes